Comment j’utilise mes ressentis personnels en tant que thérapeute dans l’accompagnement des couples.

En tant que thérapeute, je suis souvent amenée à vivre des émotions fortes pendant les séances : agacement, découragement, empathie… Ces ressentis ne sont pas des obstacles à mon travail, bien au contraire. Ils deviennent des outils puissants, des indicateurs précieux qui m’aident à mieux comprendre la dynamique relationnelle des couples que j’accompagne.

La résonance dans l’approche systémique

Le concept de résonance, développé notamment par Mony Elkaïm, est central dans ma pratique. Il s’agit de la manière dont les émotions, les blessures, les croyances des partenaires en relation circulent et s’entrelacent, non seulement entre eux, mais aussi avec moi, thérapeute.

L’approche systémique postule que nous sommes tous en communication constante, même par silence ou non-dit. Cette communication n’est jamais neutre : chaque interaction influe et modifie le système relationnel. Les croyances construites dans l’enfance, souvent liées à des blessures émotionnelles, façonnent notre manière de percevoir et de vivre ces interactions.

L’impact des croyances dans la relation de couple

Un exemple courant que je rencontre est celui où un partenaire porte en lui la croyance « Je ne suis jamais à la hauteur », tandis que l’autre peut se sentir « rejeté » ou « abandonné ». Ces croyances s’autoalimentent au sein du couple, créant une boucle parfois difficile à rompre.

Mon ressenti, un levier pour accompagner le changement

Durant mes séances avec les couples, il m’est arrivé de ressentir de l’agacement et du découragement face à certains comportements. Plutôt que d’ignorer ces émotions, je les ai accueillies comme un miroir des tensions qui traversaient le couple. Ces ressentis me sont devenus des clés pour proposer un “autre pas de danse”, une nouvelle façon d’aborder leurs interactions.

Le travail du thérapeute, dans cette perspective, n’est plus d’être un simple observateur neutre, mais un acteur engagé dans le système relationnel. Accueillir et comprendre ses propres émotions permet d’identifier les blocages et d’ouvrir des espaces pour que le couple puisse évoluer.

Une invitation à danser autrement

Comme l’illustre Mony Elkaïm avec la métaphore de la danse, le thérapeute est invité à entrer dans la danse du couple, à reconnaître la chorégraphie existante, mais aussi à proposer un nouveau mouvement. Cette nouvelle danse permet d’échapper aux schémas répétitifs et de créer des espaces de transformation.

Accompagner un couple, c’est donc aussi savoir s’écouter soi-même, se questionner sur ce que mes émotions me disent, et utiliser cette résonance pour nourrir le changement. Ce travail demande une grande vigilance, de la supervision, et une présence authentique.

En conclusion

Le vécu personnel du thérapeute, loin d’être un biais, est un véritable levier dans l’accompagnement des couples. La résonance devient alors un pont entre les émotions des partenaires et celles du thérapeute, permettant de mieux comprendre la dynamique sous-jacente et d’ouvrir la voie à une relation plus saine et plus consciente.

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